« Le Grand Paris n’est pas une notion géographique »

Le préfet de la région Île-de-France, Jean-François Carenco, était lundi 7 mars l’invité des matinales « Hub du Grand Paris ». Lors de cet événement co-organisé par « La Tribune » et la Fédération nationale des travaux publics, il est revenu sur sa vision du développement du Grand Paris, dont il est aujourd’hui l’un des acteurs les plus influents.

Qu’est-ce que le Grand Paris pour l’un de ses principaux concepteurs, le préfet de la région Île-de-France, Jean-François Carenco ? Chargé de coordonner les projets relatifs à la montée en puissance de l’agglomération, l’ancien directeur de cabinet de Jean-Louis Borloo au ministère de l’Emploi a détaillé sa vision du Grand Paris, ce lundi, lors d’un événement coorganisé par La Tribune et la Fédération nationale des travaux publics. Il espère ainsi que « d’ici trente ans, cohabiteront au sein du Grand Paris des édifices à la pointe de la modernité avec des petits cafés et des petits théâtres ». Et d’ajouter que, « s’il est bien expliqué, ce projet devrait rassembler ».

Conflit avec la région

Pourtant, force est de constater que le Grand Paris, dans sa forme actuelle, n’est pas encore accepté par tous. Il y a notamment des conflits concernant le périmètre de la métropole du Grand Paris (MGP), le volet institutionnel du Grand Paris, qui se limite aux départements de Paris et de la première couronne, et qui s’oppose donc au périmètre de la région Île-de-France, le « très Grand Paris », que certains auraient jugé plus adéquat.

La nouvelle présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, a notamment déclaré publiquement qu’il valait mieux abandonner le projet de métropole du Grand Paris pendant qu’il en était encore temps. Ce à quoi le préfet Carenco répond que la représentation nationale a voté la loi définissant le périmètre de la métropole à l’unanimité en commission mixte paritaire (CMP) de l’Assemblée nationale et du Sénat.

« Le Grand Paris n’appartient à personne »

Du reste, la question du périmètre n’est pas forcément la plus pertinente, selon le préfet. « Le Grand Paris n’est pas une notion géographique », explique-t-il. Et de justifier : « Le Grand Paris est une aventure qui s’étend sur l’aire urbaine de Paris. Certes, sa traduction politique ne reconnaît pas l’ensemble du champ du Grand Paris. Mais cela signifie aussi que le Grand Paris n’appartient à personne et c’est donc à l’État d’en impulser la dynamique ». Jean-François Carenco se veut par ailleurs pragmatique. « L’opposition entre l’État et les collectivités locales tient du conservatisme absolu. (…) Il n’y a aucune raison que l’État ne s’occupe pas de l’agglomération capitale. D’autant que les collectivités locales situées sur ce territoire sont parcellisées et n’ont pas l’habitude de s’entendre », constate-t-il.

« Londres est une ville qui exclut et qui ne construit plus ! »

La gouvernance de la métropole est, certes, encore à améliorer, mais force est de constater que le projet du Grand Paris est globalement lancé. Les premiers coups de pelle ont été donnés. Ainsi, en matière de construction de logements, « l’année 2016 sera encore meilleure que l’année 2015 », promet le préfet. Et, concernant la construction des lignes du Grand Paris Express, « la Société du Grand Paris (SGP) va dépenser 1,4 milliard d’euros cette année; et la RATP et la SNCF, 2 milliards d’euros », se réjouit le préfet.

De quoi poursuivre avec des forces nouvelles « la guerre féroce entre les métropoles internationales qui vise à déterminer là où l’on vit le mieux », note Jean-François Carenco. Mais ce n’est pas pour autant que le Grand Paris devra oublier les effets pervers qu’induit une politique de développement économique ouverte sur le monde, notamment en matière d’accroissement des inégalités. D’autant que d’autres métropoles, Londres en premier lieu, ont déjà fait cette erreur. « Je préfère Paris à Londres », assure Jean-François Carenco car « Londres est une ville qui exclut et qui ne construit plus ! », à l’inverse de Paris. Charge donc aux acteurs du Grand Paris de mêler aux mieux les objectifs économiques et sociaux.